
Je n’ai pas été dé-référencée sur le CPF. Ce qui fait que mon article est un OVNI dans le contexte actuel, puisque je ne vais pas me plaindre ni déverser ma colère.
Mais je reste sur le pont, à l’affut de la moindre information sur une possible nouvelle évolution des règles, et si tu es formateur en langue ou que tu réalises des bilans de compétences, tu ferais bien de faire pareil !
Le bon choix, je l’ai fait il y a un an, lorsque j’ai décider de faire un partenariat avec ETS Global pour faire passer le TOEIC. Combien autour de moi m’ont dit que ce n’était vraiment pas la bonne solution, qu’il s’agit d’un test vraiment très difficile, élitiste. Et que j’allais perdre des clients en choisissant cette certification, par rapport à d’autres plus accessibles (comprendre « plus souples »)
Et finalement, c’est une des dernières certifications en langue qui reste référencée sur Mon Compte Formation, et je peux travailler sereinement.
Mais en regardant bien les chiffres… tout danger n’est pas encore écarté !
La réalité des chiffres
Depuis fin juillet, la Caisse des Dépots a mis les chiffres du CPF en open source. Il est donc possible d’aller voir exactement où va l’argent du CPF.
Et là, il n’y a pas photo, et un Pareto « by the book » s’étale devant nos yeux : 5 catégories de formation représentent la très grosse majorité des actions engagées et financées par le CPF (pour voir de tes propres yeux, c’est par là : https://bit.ly/3AZjbmC)
1/ Actions de formation à destination des créateurs d’entreprises… Pas étonnant qu’un grand ménage ait été fait avant l’été.
2/ Permis de conduire. On prend le pari que c’est le prochain chantier ?
3/ TOEIC – et là tu comprends pourquoi je reste très très très attentive à ce qu’il se passe
4/ Bilan de Compétences… une autre catégorie accessible dès que l’on peut se prévaloir d’une certification Qualiopi.
5/ Formations Excel et autres tableurs
Les préconisations du Sénat
Et comme le total des couts de ces formations met France Compétence en déficit, le sénat s’est penché sur le sujet et a publié un rapport le 29 juin de cette année. (Pour lire la synthèse du rapport, c’est ici : http://www.senat.fr/rap/r21-741/r21-741-syn.pdf)
Ce rapport explique clairement que les initiatives personnelles sont privilégiées par rapport aux besoins des entreprises, d’où les têtes de Pareto évoquées plus haut. Et que le mandat de France Compétence est un peu bancal.
Ce sont des constats, pas des jugements, donc pas besoin de réagir.
En revanche, des pistes sont proposées pour réduire l’écart.
Piste 1 : un reste à charge, même modique, pour les formations non inscrites au RNCP
Là, j’applaudis des 2 mains. C’est pour moi un vrai progrès pour la responsabilisation du stagiaire. Je le pratique d’ailleurs de mon côté en faisant prendre en charge une partie de la salle par le stagiaire, et depuis je n’ai plus d’abandon en cours de formation.
Attention à toi si tu es sur les créneaux du permis de conduire et du bilan de compétences : les règles du jeu vont peut-être bientôt changer dans ce sens pour toi aussi.

Piste 2 : revoir le niveau de prise en charge de l’apprentissage
Quand on constate un écart de 20% entre les charges et le financement, il est normal de se poser la question… même si on nous annonce déjà des catastrophes pour les apprentis si la mise à niveau se fait.
Piste 3 : poursuivre la rationalisation des certifications
Il s’agit de la gestion des demandes d’inscriptions au RNCP et au RS. Avec un taux d’acceptation respectivement de 41% et 18% l’année dernière.
Beaucoup anticipent une augmentation du nombre de dossiers déposés pour pallier les dé-référencements des derniers mois, et en parallèle le sénat demande à France Compétence de baisser ses délais de traitement à 3 mois maximum.
Pour bien faire comprendre le niveau de qualité attendu sur ces dossier, France Compétence a publié un Vadémécum complet de l’enregistrement au RNCP le 1er juillet dernier. Et l’importance de coller aux besoins des entreprises transparait clairement dans les 9 règles de validation d’un dossier.
Anticiper les nouvelles règles
Forte de toutes ses informations, j’ai défini le plan d’action suivant pour mon petit cas personnel, plan d’action que je suis ravie de te partager :

- Mettre en place dès maintenant le reste à charge en facturant directement 50% de la salle de formation au stagiaire. C’est une somme raisonnable (environ 120€ pour 30h de cours) mais cela suffit à le responsabiliser. La formation n’est pas « gratuite »
- Rester au bon niveau sur le TOEIC. C’est une formation pour améliorer son niveau CERCL, pas pour faire de la conversation. Pour les stagiaires qui veulent faire de la conversation, je propose d’autres formules, hors CPF.
- Construire ma propre certification. Professionnelle, en lien avec les besoins de entreprises. Basées sur les compétences nécessaires pour s’exprimer en anglais dans un contexte technique. Et répondant parfaitement aux attentes de France Compétence.
- Ne pas dépasser 20% de mon CA lié au financement par le CPF. parce que les règles peuvent changer à tout moment, et que de toute façon il n’est pas sain devoir un seul mode de financement…
Cette dernière étape de mon plan d’action pose le problème du « bon » financement de la formation, en fonction des besoins et de la situation de chaque stagiaire.
Ce sera le sujet de mon prochain article, et c’est aussi le sujet de la formation que j’organise les 22 et 23 septembre à Thyez. Le programme est ici si tu veux en savoir plus :