Ça chauffe dans le monde de la formation des langues. Bon, c’est vrai, ça fait déjà quelques temps… mais les dernières nouveautés vont encore bouleverser le marché.
Petit état des lieux de ce qui nous attend :
Fini la prise en charge des niveaux A1
Certes, après une formation, c’est un peu anormal que notre stagiaire soit encore A1… Certes… Mais de là à ne plus prendre en charge la formation si le résultat du test est trop faible, je trouve qu’il y a discrimination !

On le sait, beaucoup des personnes qui n’ont pas réussi à apprendre une langue à l’école souffrent en fait de dyslexie. Et même si nous sommes nombreux à nous être formés sur ce point, gérer la dyslexie, les échecs précédents, et une bonne progression dans la langue en 30h de cours, c’est sacrément ambitieux. Sans compter les anxieux qui sont capables de rater une certification justement parce qu’il y a un examen…
Mais ça, étonnamment, je ne l’ai pas vu décrié sur les réseaux sociaux…
Le reste à charge pour les financements via le CPF
C’est l’évolution récente dont on parle le plus, et qui suscite des positions parfois tranchées
- certains sont contre car l’accès à son CPF est maintenant considéré comme un droit, ou parce qu’ils anticipent que cette mesure défavorisera principalement les personnes les moins à l’aise financièrement
- d’autre pense que cela ne changera rien, car beaucoup de formations ont déjà un cout total supérieur au portefeuille CPF moyen, et les bénéficiaires payaient déjà une partie de leur poche (A noter qu’il est maintenant question de pouvoir faire prendre le reste à charge par son entreprise ou son OPCO)
- et enfin d’autres encore sont pour, pour impliquer les stagiaires dans leur formation
Personnellement je suis plutôt pour, car comme quasiment tous les formateurs de langue, j’ai été confrontée aux « touristes » – ces stagiaires qui ont « toujours rêvé de parler anglais – ou espagnol – ou japonais » et qui ont un beau jour décidé de mobiliser leur CPF sur le sujet – de toute façon, ils « ne savaient pas quoi en faire d’autre »
On peut penser que si le stagiaire doit mettre la main à la poche, seuls les prétendants les plus motivés feront la démarche de démarrer une formation.
Sauf que, d’un autre côté, cela veut dire que le marché risque de se réduire fortement. Pas parce que les français se mettraient d’un seul coup à maitriser les langues ou que le besoin disparaitrait… mais parce que tout le monde ne peut pas sortir le reste à charge. Et pas sur qu’en période d’incertitude, cela soit la priorité… même si se former en période difficile devrait être un réflexe pour rester compétitif. Mais là on rentre dans un autre débat.
Mais ce n’est pas là la seule menace…
Obligation de certification Qualiopi pour les sous-traitants
Ça, ça risque de vraiment faire mal aux indépendants des langues – et ça y est l’amendement 13 à été voté et validé à l’Assemblée Nationale.
En effet, pour ceux qui comme moi sont certifiés Qualiopi, nos offres de formation sont disponibles directement sur Mon Compte Formation grâce à un contrat avec un certificateur.
Mais cela ne nous empêche pas de faire aussi un peu de sous-traitance, pour les « grands » OF ou entre nous en fonction de nos compétences propres…
Jusqu’à présent, si on n’était pas certifié, il ne restait que 2 solutions : vendre ses formations en direct à des entreprises de plus de 50 salariés ou à des particuliers – ou faire des sous-traitances pour un « grand » qui lui a accès aux financements via les OPCO ou le CPF. Et beaucoup d’indépendants vivaient ainsi, en réalisant des contrats pour des clients variés – et aux conditions de ces clients, ce qui pourrait aussi donner lieu à encore un autre débat.
Que vont devenir ces indépendants maintenant ? Et comment feront les « grands » pour assurer les formations sans la flexibilité que leur donnent les indépendants ? Si on pense que le marché va se rétracter comme je l’abordais dans le premier point, il y a matière à s’inquiéter un peu.
Mais ce n’est pas tout, et ce qui me fait vraiment peur, c’est la pression mise en ce moment sur les certificateurs

Les certificateurs responsables de la qualité des OF accrédités
OK, il y a eu des abus. Des formations d’anglais qui se sont limitées à l’envoi d’une tablette, ou à de pauvres e-learning même pas interactifs…
Et les conséquences sont en train de se jouer en ce moment, avec une réflexion menée dans le groupe de travail de l’Assemblée Nationale sur la responsabilité des certificateurs dans l’encadrement des OF qu’ils habilitent.
Sur le papier, c’est très bien : Le certificateur a la responsabilité de la certification qu’il a fait enregistré au RS ou au RNCP, il doit donc s’assurer que les OF qu’il accrédite pour préparer à la certification ont le niveau, les compétences et l’organisation nécessaire.
Sauf que…

Sauf que cela aura certainement un cout pour le certificateur. Qui va le supporter ? Et est-ce que nous, indépendants, seront toujours rentables pour le certificateur ?
Je fais passer environs 20 certifications TOEIC par an – c’est ce qu’une CCI d’une capitale régionale fait chaque jour sur 200 jours par an. Est-ce que contrôler ma conformité sera rentable pour le certificateur ?
Seulement voilà, moi, je suis indépendante et je ne suis pas en ville – je vis dans une zone considérée comme « rurale » – mes possibilités de certifications annuelles sont limitées par mon nombres d’heures disponibles et ma zone d’implantation.
(Oui, il y a la visio, mais j’aime aussi voir des gens en vrai, moi…)
Et surtout n’oublions pas que le besoin est là, puisque j’ai des clients, et que j’ai aussi la liberté d’entreprendre même en zone rurale.
Il existe déjà des certificateurs qui refusent d’accréditer de nouveaux OF. Tout simplement. Ce n’est même pas une question de qualité de la formation ou de certification Qualiopi. Un peu comme une numerus clausa…
Donc d’un coté un marché qui se réduit à cause du reste à charge, de l’autre des certificateurs qui vont devoir se positionner sur l’intérêt d’accréditer des indépendants…
Ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier
La solution, c’est de limiter la part des formations financées par le CPF dans notre CA. La règle du jeu est définie en fonction des objectifs politiques du moment, elle peut changer à tout moment – un peu comme dans le cas des activités subventionnées.
Il est donc indispensable pour un indépendant de maitriser les différents modes de financement à la disposition de ses prospects, pour ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier, mais aussi pour orienter le prospect vers le meilleur financement, celui qui est fait pour lui, et ainsi assoir notre crédibilité de professionnel de la formation.
Je suis à ta disposition si tu as besoin d’aide, n’hésite pas à bloquer un RDV dans mon agenda